La formation à la peine
Apprendre des gestes, maîtriser des techniques, acquérir un savoir-faire : l’artisanat a tout à offrir à la nouvelle génération. Encore faut-il que le contenu de la formation soit pertinent…
Le métier du pressing ne déroge pas et propose de réelles opportunités professionnelles aux jeunes pour entrer sur le marché du travail avec une qualification reconnue. Mais aujourd’hui, il semble que la plupart des formations délivrées au sein des lycées professionnels souffrent d’un manque de réactualisation des contenus d’enseignement.
On constate de fortes disparités d’une région à une autre. Les investissements nécessaires pour apprendre sur les machines nouvelle génération ne sont pas légion non plus.
Deux points critiques qui viennent impacter directement la qualité et la pertinence des savoirs et des savoir-faire. Et pire, qui freinent l’envie des exploitants d’intégrer des apprentis dans leurs rangs. Le secteur a, en effet, été marqué par une forte évolution ces dix dernières années, à la fois liée aux contraintes réglementaires et aux progrès technologiques. Les process ont changé, les professionnels ont dû s’adapter et réinterroger leurs méthodes. « Avec l’aquanettoyage qui s’implante de plus en plus sur le marché, le métier a changé », confirme Nathalie Boullant, exploitante et formatrice.
Offrir un avenir
Autre point essentiel : la valorisation du métier. Comment venir à bout des a priori ? Encore largement perçue comme une voie de garage, la section pressing n’attire que peu d’élèves spontanément. Choisi par seulement 5 % des jeunes, l’apprentissage est pourtant essentiel pour acquérir le savoir-faire d’un métier artisanal. Les parcours de certains artisans de la profession sont de véritables exemples pour les jeunes mais aussi pour les prescripteurs qui n’ont pas toujours connaissance du potentiel des métiers de l’artisanat. Pour preuve, 80 % des apprentis trouvent un emploi en CDI à l’issue de leur formation, et un apprenti sur deux devient un jour son propre patron. La difficulté à trouver du personnel compétent est pourtant largement relayée par les exploitants de pressing. Et si certains consentent à embaucher des jeunes avec une qualification approximative, assurer la formation adéquate leur prend nécessairement un temps conséquent qui pèse sur leur activité. « Pour autant, notre première mission est d’offrir un avenir aux jeunes », assène Jean-Jacques Rolland, exploitant d’une chaîne de six pressings en Rhône-Alpes.
Aide à l’embauche et intégration des apprentis
Dès lors se pose la question de la responsabilité de chacun et du rapport au terrain des enseignants. Les techniques de nettoyage prennent de plus en plus en compte les exigences du développement durable et (r)appellent des compétences parfois « oubliées », notamment une parfaite connaissance des caractéristiques de chaque textile et des traitements à apporter.
Peut-être est-il temps que le ministère de l’Éducation nationale enclenche un état des lieux et s’empare du sujet… D’autres voyants sont au vert qui pourraient motiver les professionnels à intégrer des apprentis pour ensuite les recruter, notamment le décret instituant une aide à l’embauche dans les PME de moins 250 salariés. Elles bénéficient désormais d’une prime trimestrielle de 500 euros durant les deux premières années du contrat, soit 4 000 euros au total.
En complément, retrouvez l’interview avec Jean-Jacques Rolland dans le dernier numéro d’Entretien Textile.