Blanchisserie d'Harcourt : chronique d’une fermeture probable
Dix ans seulement après sa création mais impuissante face à la concurrence, la blanchisserie industrielle du Syndicat Interhospitalier d’Harcourt, dans l’Eure, est en cessation de paiement.
Elle a traité jusqu’à neuf tonnes de linge par jour en provenance de trois maisons de retraite (Harcourt, Brionne et Pont-Authou), des hôpitaux du Neubourg, de Bernay et plus récemment d’Evreux. La blanchisserie d’Harcourt accuse pourtant aujourd’hui une dette de 6 millions d’euros et un passif estimé par le secrétaire général du SIH Guillaume Lugagne à 8 millions d’euros. Convoqués en réunion extraordinaire le 18 février 2015, les élus du conseil d’administration lui ont demandé de prévoir un plan de sortie et d’arrêt de l’activité.
Installée sur 2.400m2 et ayant engagé de lourds investissements en 2008 pour rentabiliser le site et répondre à la demande de l’hôpital d’Evreux, la blanchisserie pourrait donc fermer définitivement ses portes avant l’été. A l’origine de cette situation, ses tarifs, jugés prohibitifs par rapport à une concurrence accrue, le SIH proposant ses services autour de 2,40 euros du kilo contre en moyenne 1,30 euro pour ses « challengers ». Conséquence : le prix restant toujours le nerf de la guerre, ses clients (dont l’hôpital d’Evreux) optent pour d’autres prestataires, et des structures hospitalières secondaires comme Pont-de-l’Arche et Breteuil-sur-Iton ont à leur tour signé avec la concurrence privée ou publique. Endettée, la blanchisserie ne peut plus honorer ses créanciers. Un coup dur –pour ne pas dire fatal. « Nous étions 15 à 18% plus chers que la concurrence, reconnaît Guillaume Lugagne, interrogé par nos confrères dans Le Courrier de l’Eure. Nous sommes entourés de centres hospitaliers très importants et de privés très agressifs. L’offre est limitée. »
Bien qu’elle maintienne encore son activité, la blanchisserie ne traiterait plus que 4 à 5 tonnes par jour. Les 19 agents intervenant sur ce site devraient être reclassés, et la fermeture intervenir probablement d’ici cet été.