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4 juin 2015 00:30:15 Pressings

Le perchlo toujours dans le collimateur

Le perchlo toujours dans le collimateur

Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, lance une nouvelle campagne de contrôle des concentrations en perchloréthylène dans les logements voisins d’installations de nettoyage à sec.

Depuis deux ans, le perchlo n’en finit plus de faire parler de lui. Malgré sa fin programmée, le gouvernement s’acharne et remet un peu d’huile sur le feu en lançant une nouvelle campagne de mesure chez les riverains de pressings recourant à ce solvant. Une mesure qui pique au vif les exploitants, déjà sommés de changer de process, et qui n’était peut-être pas nécessaire. En décembre 2013, nous relayions déjà une initiative du ministère du Développement durable, à l’origine d’une brochure informative sur la surveillance des habitations proches d'un pressing, afin de prévenir le risque lié à la pollution de l'air intérieur par le perchloréthylène. En avril 2014, le « scandale » niçois impliquant Maufras et Véritas relançait la chasse aux sorcières suite à la circulaire ministérielle envoyée à tous les riverains de pressings, occasionnant un boom des contrôles des installations. Avec cette nouvelle campagne, le ministère entend bien faire entendre que le solvant volatile « utilisé pour le nettoyage à sec des vêtements par près de la moitié des pressings est classé comme cancérogène possible pour l’homme ». Définitivement dans le viseur du ministère, le solvant s’attire donc encore ses foudres. « Malgré un renforcement de la réglementation de ce type d’installations, note le ministère, ces dernières peuvent parfois générer des émanations de perchloréthylène chez les riverains. Un diagnostic gratuit est donc proposé aux habitants voisins de pressings qui vont recevoir une plaquette d’information leur précisant les modalités pratiques pour en bénéficier.
Suite à ce diagnostic, en cas de présence de perchloréthylène dans une habitation, des actions rapides sont prescrites par le préfet à l’exploitant du pressing afin que ce dernier respecte les valeurs guides dans l’air ambiant préconisées par le Haut-Conseil à la santé publique. » La mesure concernerait quelque 8 500 riverains.

Pour mémo, depuis 1995, l’Organisation Mondiale de la Santé classe le perchlo comme cancérogène probable. Une exposition prolongée à ce solvant pourrait induire irritations respiratoires et oculaires, maux de tête, somnolences, nausées, vertiges ou encore troubles des fonctions rénales, hépatiques et nerveuses. Une exposition à des fortes concentrations sur une longue durée aurait même causé des cas de cancers de l’œsophage, du cerveau et des ganglions, symptômes et dommages réunis sous le terme « cancer du pressing ».

La réglementation interdit depuis mars 2013 l'implantation de nouvelles machines utilisant ce solvant dans des locaux contigus à des immeubles d'habitation ou des centres commerciaux. Depuis septembre 2014, les machines ayant atteint 15 ans d'âge sont interdites ; à partir de 2021, ce seront les machines de plus de 10 ans. Cette décision ne vaut pas en revanche pour les pressings isolés, en zones industrielles par exemple.

Alors que les machines utilisant ce solvant doivent être progressivement remplacées de manière à disparaître totalement des pressings français à l’horizon 2022, cet objectif impacte fortement le marché. Selon des chiffres de la Fédération des pressings et blanchisseries fournis au ministère, 30 % du parc des machines avaient été remplacés en septembre 2014, dont une bonne moitié par de l'aquanettoyage, et 50 % devraient avoir abandonné le perchloroéthylène d'ici fin 2015. Les exploitants concernés ont donc d’ores et déjà pris le parti de modifier leur équipement… ou de mettre la clé sous la porte, face à la difficulté de reprise de leur commerce ou simplement car proches de la retraite.

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