La colère des pressings et laveries contre leur « sécu »
Alors que le Régime social des indépendants (RSI) a fêté son septième anniversaire le 1er janvier, de nombreux affiliés, dont les exploitants de pressings, laveries et petites blanchisseries, le surnomment désormais le « racket sans interruption ».
Issu de la fusion express (et ratée, comme l'a souligné la Cour des Comptes) des réseaux de protection sociale des artisans, commerçants, professions libérales (branche médicale) et des Urssaf, le RSI suscite encore l’exaspération de ses adhérents après les graves dysfonctionnements informatiques et administratifs engendrés. Et cela, malgré une situation soit-disant normalisée, comme le soutient le RSI. Mais le dossier est complexe, et selon un sondage récent, 80% des personnes interrogées ne constatent pas d'amélioration dans le fonctionnement du système. Peu médiatisé pour le moment, le combat de l'association Sauvons nos entreprises et d'autres collectifs commence toutefois à prendre de l’ampleur. Retard de versements, mauvais calcul des sommes recouvrées, appels de charges fantaisistes, impossibilité de joindre un correspondant RSI, délais affolants d’obtention d’une carte Vitale... Quand ce ne sont pas des histoires plus tragiques, d’huissiers voire de suicides. La liste des griefs est longue et ne s'arrête plus aux seuls aléas d'une bureaucratie déboussolée. Les revendications portent en plus sur le taux de cotisation estimé disproportionné et l'opacité de ces prélèvements fiscaux et parafiscaux.
Le paiement des cotisations sociales modifié
« La grogne monte et je pense que c'est tout à fait justifié, affirme Isabelle Chéron, gérante de la société Eridaim. Les médias commencent à en parler mais pas suffisamment pour que nos politiques s'en préoccupent. « Cet organisme nous harcèle, nous menace de saisie si nous contestons, sans qu'aucun dialogue ne puisse s'instaurer. Ce sont des dilapideurs d'entreprises ! » Un avis que partage Cédric Follet, patron d'une laverie-blanchisserie-repasserie basée à Chalon-sur-Saône : « Depuis le 1er janvier 2015, les modalités de calcul et de paiement des cotisations sociales des travailleurs indépendants sont modifiées. La régularisation anticipée des cotisations qui était antérieurement facultative est devenue obligatoire. Concrètement, une fois les revenus 2014 déclarés au RSI en 2015, les cotisations 2014 sont regularisées et les provisionnelles de 2015 sont réajustées en fonction des revenus déclarés. Vous allez recevoir un nouvel échéancier qui comprendra le recalcul des cotisations provisionnelles 2015 sur la base des revenus 2014, plus le calcul des régulations de cotisations 2014... Mais aussi les premières échéances sur 2016 ! Le souci est qu'ils ont changé la règle des cotisations en cours de route. Ce que les comptables avaient prévu n'est plus correct... Résultat, on passe d'une prévision de 4 000 € à presque 11 000 € maintenant. Quand on travaille seul, on ne peut pas se permettre de s'occuper d'un portefeuille client suffisamment important pour faire face à ce genre de "détail" imprévu ! » Et Isabelle Chéron de renchérir : « Pour ma part, je n'ai toujours pas reçu l'échéancier 2015, mais les prélèvements ont commencé. J'ai demandé à ma banque de les rejeter et j'attends toujours l'échéancier. »
Une manifestation prévue le 9 mars
L'artisanat, première entreprise de France, se dit à genoux alors que le pays croule
déjà sous les règlementations et les normes qui sont autant de cauchemars pour toute
la profession. Force est d'admettre que le segment pressing en particulier souffre de paupérisation. Des faits qui poussent des patrons à changer le statut de leur entreprise pour ne plus avoir affaire au RSI, certains transformant leur affaire en SAS, par exemple, pour rejoindre le régime général. Tandis que le gouvernement s’inquiète mollement
de ces mouvements, une manifestation est prévue le 9 mars à Paris pour que les «tondus» et autres «pendus» fassent entendre leur voix. De nombreux exploitants auraient prévu de faire le déplacement.
Pour en savoir plus : www.sauvonsnosentreprises.fr / Pascal Geay 06.19.46.39.84